MONTRÉAL, 27 mai 2021 (GLOBE NEWSWIRE) -- Les résultats des dernières études de la Société canadienne du sang et d’Héma-Québec qui, combinées, portent sur les 10 provinces, confirment que d’un océan à l’autre, les taux de séroprévalence d’anticorps développés en réponse à l’infection au SRAS-CoV-2 étaient encore très faibles au début de l’année, alors que le déploiement des vaccins commençait à s’accélérer. L’étude de la Société canadienne du sang est soutenue par le Gouvernement du Canada par l’intermédiaire de son Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC), tandis que l’étude d’Héma-Québec est soutenue par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Tous les organismes ont travaillé en collaboration, afin de fournir à la population et aux décideurs du Canada une évaluation complète de l’étendue de l’infection et de l’immunité au pays et de préparer le terrain pour surveiller la durée de l’immunité découlant de la vaccination.
La séroprévalence globale au Canada et les différences régionales
Les données de la Société canadienne du sang, recueillies auprès des donneurs de sang, révèlent que le taux de séroprévalence d’anticorps découlant d’une infection (le nombre de personnes qui présentent des anticorps contre le SRAS-CoV-2 en raison d’une infection antérieure) dans les provinces canadiennes, à l’exception du Québec, atteignait 2,2 % en janvier. En comparaison, au Québec, entre janvier et mars 2021, les données d’Héma-Québec indiquent que le taux de séroprévalence d’anticorps issus de l’infection a atteint 10,5 %. Dans cette province, le déploiement de la vaccination a fait augmenter ce taux, de sorte que 14,7 % de la population présente une immunité.
« Les faibles taux de séroprévalence dans les 10 provinces démontrent que les Canadiens ont très bien respecté les consignes de la santé publique », déclare le Dr Tim Evans, directeur administratif du GTIC. « Toutefois, ces données confirment également que sans une bonne couverture vaccinale, nous ne vaincrons pas cette pandémie de sitôt. »
« La pandémie a évolué différemment d’un endroit à l’autre au pays », ajoute le Dr David Buckeridge, responsable scientifique du GTIC en matière de gestion et d’analyse des données. « C’est ce que démontre clairement notre modèle statistique, qui combine les résultats des études d’Héma-Québec et de la Société canadienne du sang avec d’autres indicateurs épidémiologiques. Cependant, il faut surtout retenir que l’étendue de l’immunité découlant de l’infection est encore faible au Canada. »
« Les provinces de l’Atlantique ont réussi de façon remarquable à protéger leurs populations contre le SRAS-CoV-2 », explique la Dre Sheila O’Brien, directrice adjointe, Épidémiologie et surveillance à la Société canadienne du sang et chercheuse principale de l’étude. « En janvier 2021, près d’un an après le début de la pandémie, il y avait encore très peu de gens parmi les donneurs de sang qui présentaient des anticorps développés à la suite d’une infection au SRAS-CoV-2 dans ces provinces, d’après les données : 0 % à l’Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve, 0,18 % au Nouveau-Brunswick et 0,39 % en Nouvelle-Écosse. »
En comparaison, les provinces des Prairies présentaient les taux de séroprévalence les plus élevés en janvier 2021, soit 5,4 % au Manitoba, 4,0 % en Alberta et 3,5 % en Saskatchewan. « Si nous avions examiné le pourcentage de Québécois porteurs d’anticorps à la suite d’une infection en janvier, nos chiffres auraient peut-être ressemblé à ceux calculés par la Société canadienne du sang pour les Prairies », soutient le Dr Marc Germain, vice-président aux affaires médicales et à l’innovation d’Héma-Québec et chercheur principal de l’étude.
En Ontario, 1,9 % des donneurs de sang présentaient des anticorps contre le SRAS-CoV-2 développés à la suite d’une infection, comparativement à 1,6 % en Colombie-Britannique.
Les projecteurs braqués sur les communautés à risque
« Ces rapports braquent également les projecteurs sur le risque accru d’infection dans les communautés racisées, dans les quartiers plus pauvres et parmi les jeunes Canadiens de 17 à 24 ans. Ces groupes devraient donc être ciblés en priorité par les campagnes de vaccination et les mesures visant à prévenir la propagation de l’infection », souligne le Dr Evans.
Des différences raciales de plus en plus marquées reflétées dans les taux d’infection et de vaccination
Selon les données des études de la Société canadienne du sang et d’Héma-Québec, les Canadiens racisés sont deux fois plus touchés par la pandémie que les Canadiens s’identifiant comme caucasiens.
« De façon constante depuis le début de la pandémie, les taux de séroprévalence sont plus élevés dans les populations racisées comparativement aux donneurs ayant déclaré être caucasiens. En janvier 2021, le taux de séroprévalence était à peu près deux fois plus élevé chez les donneurs racisés », mentionne la Dre O’Brien.
On a observé une tendance similaire au Québec, quoique des recherches approfondies seraient nécessaires pour mieux comprendre la situation. « Chez les donneurs de sang non vaccinés ayant déclaré être non caucasiens, le taux de séroprévalence était de 19,3 %, tandis que seuls 9,5 % des donneurs de sang caucasiens non vaccinés présentaient des anticorps contre le SRAS-CoV-2, » explique le Dr Germain. « Cela signifie qu’il y avait deux fois plus de donneurs non caucasiens qui étaient porteurs d’anticorps en raison d’une infection que de donneurs caucasiens. »
Un risque d’infection à la hausse dans les quartiers plus pauvres
Pendant la première vague, la séroprévalence se ressemblait d’un quartier à l’autre, quel que soit l’indice de milieu socioéconomique. Cependant, avec le temps, la séroprévalence a grimpé beaucoup plus rapidement chez les donneurs vivant dans les quartiers les plus défavorisés matériellement (d’après les codes postaux). En janvier 2021, le taux de séroprévalence chez les donneurs vivant dans les quartiers les mieux nantis était de 1,2 %, tandis que parmi ceux vivant dans les zones les plus défavorisées, ce taux atteignait 4,0 %.
Au Québec, on a noté une tendance similaire, bien que moins marquée. En effet, alors que 15,0 % des donneurs de sang des quartiers les mieux nantis étaient porteurs d’anticorps à la suite d’une infection ou de la vaccination, 17,3 % des donneurs des quartiers les plus pauvres présentaient des anticorps.
Risque accru dans le groupe des 17 à 24 ans
« La Société canadienne du sang a constaté une hausse considérable du taux d’infection chez les donneurs de 17 à 24 ans. Ce taux, qui se situait à 0,8 % pendant la première vague, s’élevait à 3,0 % en novembre 2020 et atteignait 3,5 % en janvier 2021 », affirme la Dre O’Brien.
« Au Québec, poursuit le Dr Germain, le taux de séroprévalence était de loin le plus élevé chez les personnes de 18 à 24 ans, avec 19 % des donneurs de sang de ce groupe d’âge qui présentaient des anticorps à la suite d’une infection ou de la vaccination. À titre de comparaison, le taux de séroprévalence est de 9,8 % chez les personnes de 60 à 69 ans. »
« Le nombre disproportionné d’infections chez les jeunes est probablement attribuable à leurs milieux de travail en première ligne et à leurs comportements plus risqués, avance le Dr Evans. Par contre, ces chiffres reflètent également l’efficacité des efforts de la santé publique visant à protéger les personnes âgées pendant la deuxième vague. Dans l’immédiat, la priorité consiste à encourager les plus jeunes à se faire vacciner, maintenant que les membres de ce groupe d’âge sont admissibles dans la plupart des provinces. »
Les enquêtes sérologiques permettront de déterminer la durée de l'immunité
Ces enquêtes sérologiques confirment donc les résultats des études précédentes, selon lesquelles les vaccins fonctionnent et engendrent la production d’anticorps. « Chez les personnes vaccinées, on voit le nombre d’anticorps grimper quelques jours seulement après l’administration du vaccin », confirme le Dr Germain. Fait notable : la Société canadienne du sang et Héma-Québec ont constaté qu’environ 95 % des donneurs qui avaient été vaccinés au moins deux semaines avant de donner du sang présentaient des anticorps découlant de la vaccination.
« Par contre, nous ne savons toujours pas combien de temps dure l’immunité issue de l’infection ou de la vaccination, » indique le Dr Evans. « En poursuivant ces enquêtes sérologiques auprès des donneurs de sang, nous verrons quand l’immunité des membres de différents groupes d’âge commencera à diminuer, ce qui pourrait servir à déterminer le meilleur moment pour un rappel de vaccin, s’il est nécessaire. »
D’ailleurs, les données d’Héma-Québec montrent que les anticorps diminuent. « Parmi les 109 personnes dont les échantillons étaient positifs aux anticorps pendant la première vague, 32 ont obtenu un résultat négatif au test de dépistage des anticorps de 7 à 10 mois plus tard, » affirme le Dr Germain. « Cela représente un taux de séroréversion de 29 %. Si nous examinons les personnes qui ont été atteintes d’une forme plus sévère de la COVID-19 et qui ont donc probablement développé plus d’anticorps au moment de l’infection, 14 % ont perdu leurs anticorps en moins d’un an. Cela démontre que les anticorps découlant de l’infection ne restent pas forcément dans le sang pour toujours et laisse supposer que des doses de rappel pourraient être nécessaires. »
Les donneurs de sang pour mesurer la séroprévalence globale
« Ces études peuvent jouer un rôle crucial dans l’évaluation des politiques par les autorités de santé publique, » explique le Dr Evans. « Elles nous permettent d’avoir un portrait fidèle de l’épidémie, de manière continue. Elles sont également utiles en révélant certains angles morts, comme l’augmentation plus rapide des taux d’infection dans les communautés racisées. »
« Nos enquêtes sérologiques génèrent d’importantes connaissances sur les répercussions de la pandémie au Canada », poursuit le Dr Graham Sher, chef de la direction de la Société canadienne du sang. « Il est important de reconnaître que les enquêtes sérologiques portant sur les donneurs de sang ont leurs limites. Ces personnes donnent du sang de façon volontaire et les critères d’admissibilité au don de sang font en sorte que les donneurs sont en bonne santé. Il faut donc faire preuve de prudence lorsqu’il s’agit d’extrapoler les résultats à l’ensemble des Canadiens adultes. » Il y a d’autres facteurs à considérer, comme l’accès aux centres de collecte de sang ou les périodes de collecte de sang, qui peuvent être limités dans certaines régions. De plus, les jeunes donneurs de sang et les donneurs âgés sont moins nombreux par rapport à la population en général.
« Cela dit, puisque des échantillons supplémentaires sont systématiquement prélevés à chaque don de sang, que des collectes de sang ont lieu dans la plupart des régions et que nous avons les laboratoires pour réaliser les analyses, nous sommes dans une position privilégiée pour tenir les autorités de santé publique informées afin de les aider à planifier les prochaines étapes et à se préparer aux prochaines phases de la pandémie », assure Nathalie Fagnan, présidente et chef de la direction d’Héma-Québec.
« En effet, quand nous utilisons la modélisation statistique pour trianguler les données provenant de différentes sources, les estimations de séroprévalence chez les donneurs de sang cadrent avec d’autres indicateurs épidémiologiques, tels que les décès, » ajoute le Dr Buckeridge. « Les estimations des banques de sang sont donc extrêmement utiles pour surveiller la séroprévalence globale au Canada. »
Au sujet du partenariat
Lorsque le gouvernement fédéral a mis sur pied le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 à la fin d’avril 2020, la Société canadienne du sang et Héma-Québec ont offert leur aide. La Société canadienne du sang et Héma-Québec analysent régulièrement les dons de sang et les deux organismes participent aussi régulièrement et activement à différents programmes de recherche éthique comme celui-ci.
Bien que les critères d’admissibilité fassent en sorte que les donneurs de sang sont en bonne santé, il faut faire preuve de prudence lorsqu’il s’agit d’extrapoler les résultats à l’ensemble des Canadiens adultes en bonne santé. En effet, les donneurs de sang font un don de façon volontaire, l’accès à un centre de collecte de sang peut être restreint dans certaines régions et la proportion d’aînés parmi les donneurs de sang est inférieure à celle de la population générale.
Au sujet de la Société canadienne du sang
La Société canadienne du sang est un organisme de bienfaisance sans but lucratif. Sa dimension nationale, son infrastructure et son mode de gouvernance en font une organisation unique dans le milieu canadien de la santé. Réglementée par Santé Canada en tant que fabricant de produits biologiques et financée principalement par les ministères de la Santé des provinces et des territoires, elle offre des services dans les domaines du sang, du plasma et des cellules souches pour le compte des gouvernements provinciaux et territoriaux, sauf celui du Québec. Elle gère également le Registre canadien de transplantation, qui facilite l’échange d’organes et la coordination des programmes connexes à la grandeur du pays. La Société canadienne du sang est la chaîne de vie du Canada. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le site : blood.ca/fr
Au sujet d’Héma-Québec
Héma-Québec agit à titre de fournisseur de tissus humains destinés à la greffe (dont les greffons cutanés, les valves cardiaques, les tissus musculosquelettiques, tels que les tendons et les os), puis les rend disponibles aux centres hospitaliers du Québec. Héma-Québec effectue par ailleurs le prélèvement et la préparation de tissus oculaires en vue de leur utilisation à des fins de greffe de la cornée.
Héma-Québec a pour mission de répondre avec efficience aux besoins de la population québécoise en sang et autres produits biologiques d’origine humaine de qualité. Héma-Québec, c’est 1 500 employés, près de 255 000 donneurs de sang, de cellules souches, de lait maternel et de tissus humains, en plus de milliers de bénévoles sur des sites de collecte de sang. Héma-Québec livre annuellement près de 820 000 produits biologiques d’origine humaine aux hôpitaux du Québec pour subvenir aux besoins des malades. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le site : hema-quebec.qc.ca
Au sujet du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19
Le gouvernement du Canada a créé à la fin avril 2020 le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC). Le GTIC est supervisé par une équipe de direction bénévole composée d’experts et de scientifiques canadiens de premier plan provenant d’universités et d’établissements de soins de santé de tout le pays qui cherchent à comprendre la nature de l’immunité découlant du nouveau coronavirus responsable de la COVID-19. À cette fin, le GTIC finance de nombreuses études visant à déterminer l’étendue de l’infection par le CoV-2 du SRAS au Canada (dans la population générale ainsi que dans des communautés spécifiques et des populations prioritaires), à comprendre la nature de l’immunité après l’infection, à mettre au point des méthodes améliorées de test des anticorps et à aider à surveiller l’efficacité et l’innocuité des vaccins au fur et à mesure de leur déploiement dans tout le Canada. Le groupe de travail et son secrétariat travaillent donc en étroite collaboration avec toute une série de partenaires, notamment les gouvernements, les organismes de santé publique, les institutions, les organisations sanitaires, les équipes de recherche, les autres groupes de travail, et mobilise les collectivités et les parties prenantes. Plus récemment, le groupe a été invité à jouer un rôle majeur dans le soutien à la surveillance de l’efficacité et de la sécurité des vaccins. Notre objectif principal est de générer des données et des idées qui serviront de base aux interventions visant à ralentir et, à terme, à arrêter la propagation du SRAS-CoV-2 au Canada. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le site : www.covid19immunitytaskforce.ca/fr/
RENSEIGNEMENTS AUX MÉDIAS
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