Des prêteurs d’artefacts locaux aident le Centre Juno Beach à souligner le 80e anniversaire du raid sur Dieppe dans une nouvelle exposition temporaire


BURLINGTON, Ontario, 25 mars 2022 (GLOBE NEWSWIRE) -- Plus tôt ce mois-ci, le Centre Juno Beach (CJB), le musée et mémorial canadien de la Seconde Guerre mondiale situé en Normandie, en France, a lancé l’exposition temporaire De Dieppe à Juno : 80e anniversaire du Raid de Dieppe. Cette exposition réalisée en partenariat avec le War Heritage Institute (WHI) à Bruxelles, en Belgique, et parrainée par Seaspan Shipyards, est présentée jusqu’au 31 décembre 2023 à Courseulles-sur-Mer, en France.

De Dieppe à Juno fera découvrir une belle collection d’artefacts et de témoignages de personnes qui ont participé au raid ou en ont subi les répercussions. Les visiteurs seront plongés dans l’atmosphère tendue de 1942, année de l’apogée de la puissante emprise du régime nazi sur l’Europe.

L’exposition De Dieppe à Juno réunit 72 artefacts. Il a été ardu d’obtenir des artefacts en raison des pertes colossales subies lors du raid sur Dieppe (opération Jubilee). « Les objets que nous avons trouvés donnent une réelle puissance évocatrice de l’ampleur du raid », a déclaré Marie Eve Vaillancourt, directrice des expositions au Centre Juno Beach. Elle renchérit : « Chacun d’eux est un véritable trésor. Tous aideront le CJB à raconter l’histoire du raid sur Dieppe par l’intermédiaire des personnes qui ont vécu cette opération militaire; ce sont leurs artefacts qui seront présentés. Leur présence en France éclairera la compréhension des visiteurs de l’héritage du raid mené à Dieppe et gardera vivant le souvenir de cet événement pour les générations futures. »

Dix-huit de ces artefacts proviennent de prêteurs canadiens, plus particulièrement de collections familiales et de musées canadiens. Gérard Audet a servi comme soldat dans les Fusiliers Mont-Royal (FMR), un régiment francophone constitué dans la région de Montréal. En 2017, Léandre Marsolais, l’arrière-petit-fils de Gérard, a découvert une boîte de souvenirs de guerre. Il a constaté que Gérard avait conservé précieusement celle-ci sous son lit toute sa vie. Fait prisonnier à Dieppe, Gérard avait confectionné une paire de magnifiques mouchoirs brodés en hommage aux sacrifices consentis par son régiment le 19 août 1942. Heureux hasard, Hervé Fihue, historien français et collectionneur d’objets militaires, a prêté au CJB le casque dont le soldat Audet s’était débarrassé lors de sa capture sur la plage de Dieppe. « Je suis heureux et ému que le casque et des objets de la famille soient exposés en France et que les gens se souviennent de Gérard Audet, notre héros », a déclaré Léandre Marsolais.

Gérard Audet est l’un des 344 soldats des FMR faits prisonniers lors du raid de Dieppe. Ce bataillon franco-canadien faisait partie de la réserve de la 2e Division d’infanterie canadienne pour l’opération Jubilee. Sous l’effet du brouillard de la guerre et à la suite d’un message ambigu provenant de la plage, le major général John Hamilton Roberts avait engagé les FMR dans le combat à l’appui du Essex Scottish Regiment. Malheureusement, l’exécution de l’ordre a précipité le régiment dans le désastre. En quelques heures à peine, les FMR comptaient 513 soldats tués, blessés ou capturés sur les 584 hommes embarqués. Gérard Audet et la plupart de ses camarades ont croupi dans les camps de prisonniers de guerre nazis pendant plus de 30 mois, entre 1942 et 1945.

Des histoires comme celle de Gérard Audet aident le CJB à illustrer ce qu’a été la captivité pour des milliers de Canadiens. Le point de vue d’Audet et d’autres Canadiens français permet également d’intégrer à l’exposition De Dieppe à Juno un volet sur la réaction des Québécois au raid de Dieppe. Comme l’a souligné M. Marsolais : « Pendant longtemps, ces artefacts ont représenté la souffrance que mon arrière-grand-père a vécue pendant la guerre. Personne n’en parlait, on tentait d’oublier. En 2018, lorsque j’ai fait ma recherche sur ce qui est advenu de lui, lorsqu’il fut fait prisonnier, nous les avons ressortis. Nous en avons parlé en famille. Mon arrière-grand-mère de 98 ans nous a raconté ce qu’elle se rappelait de son histoire. Tous ses enfants ont voulu participer. Ça nous a réunis. Ces artefacts sont très précieux, car ils nous permettent de ne pas oublier. »

Le raid sur Dieppe a constitué le premier grand combat de l’Armée canadienne contre l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s’agissait d’une opération d’un seul jour, le 19 août 1942, menée principalement par les troupes canadiennes avec le soutien terrestre, aérien et naval des troupes britanniques et américaines. L’objectif officiel du raid reste entouré de mystère, nourrissant ainsi une certaine mythologie et de nombreuses controverses.

En moins de dix heures de combat, les deux tiers d’une force de 4 963 Canadiens ont été blessés, faits prisonniers ou tués. Au total, plus de 900 soldats canadiens ont été tués au combat ou sont morts de leurs blessures, dont près de 600 sont enterrés au cimetière de guerre canadien de Dieppe à Hautot-sur-Mer, en France.

L’héritage laissé par le raid de Dieppe s’étend au-delà des frontières nationales et temporelles. En racontant à nouveau les faits, l’exposition De Dieppe à Juno explore les répercussions de l’opération sous l’angle de témoins de tous les horizons.

Le raid sur Dieppe demeure l’un des événements les plus marquants de l’histoire canadienne de la Seconde Guerre mondiale, à tel point qu’il a occupé pendant de nombreuses décennies une plus grande place dans la mémoire collective des Canadiens que les débarquements en Normandie le jour J en 1944. Ce n’est qu’au cours des dernières années que les événements survenus sur la plage Juno ont rattrapé Dieppe dans la mémoire canadienne. Cette nouvelle exposition explore comment le mythe liant l’horreur de Dieppe au succès des Canadiens le jour J a évolué au fil du temps.

L’histoire de Dieppe, longtemps considérée comme un échec tragique, est aussi complexe que nuancée. L’événement, qui a fait l’objet d’études approfondies au cours des décennies par des historiens, continue de susciter des discussions parmi les chercheurs et les amateurs d’histoire. Pour les visiteurs qui découvrent le sujet pour la première fois, De Dieppe à Juno se veut une présentation accessible et factuelle de la planification du raid lui-même et de ses conséquences. Pour les visiteurs qui connaissent mieux l’histoire de Dieppe, l’exposition abordera également des facettes peu explorées du raid.

LE CENTRE JUNO BEACH

Le Centre Juno Beach a été fondé en 2003 comme un lieu de mémoire permanent dédié à tous les Canadiens qui ont pris part à la victoire des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale afin de préserver cet héritage pour les générations futures par l’éducation. Situé en Normandie, en France, il rend hommage aux quelque 45 000 Canadiens qui ont péri pendant la guerre, dont 5 500 au cours de la bataille de Normandie et 381 le jour J. Près de 20 ans et plus de 1 million de visiteurs plus tard, le Centre a été désigné comme un site d’importance historique nationale pour le Canada. L’Association du Centre Juno Beach, un organisme de bienfaisance établi à Burlington, en Ontario, au Canada, en est la propriétaire et l’exploite.

LE WAR HERITAGE INSTITUTE

Le War Heritage Institute (WHI) est l’institution scientifique fédérale belge chargée de la préservation et de la présentation du patrimoine militaire. Il lui incombe de gérer et de conserver d’importantes collections militaires historiques, du Moyen Âge à la guerre froide. Ces collections sont présentées au public sur les six sites du WHI : le Musée royal de l’Armée et d’Histoire militaire au Parc du Cinquantenaire à Bruxelles, le Mémorial national du Fort de Breendonk, Bastogne Barracks, le Boyau de la Mort à Dixmude, le bunker de commandement du Mont Kemmel et Gunfire à Brasschaat. 

LA SOCIÉTÉ SEASPAN SHIPYARDS

La société Seaspan Shipyards est fière de son rôle à long terme dans la construction navale au Canada, pour la Garde côtière canadienne (GCC) et la Marine royale canadienne (MRC), dans le cadre de la Stratégie nationale de construction navale (SNCN). La SNCN s’inscrit dans un effort déployé à l’échelle nationale pour doter notre pays d’une industrie de la construction navale durable, garantir des possibilités d’emploi à long terme et construire la prochaine génération de navires pour la GCC et la MRC. Grâce à ses projets liés à la SNCN, Seaspan Shipyards agit comme chef de file de l’édification de notre industrie maritime sur la côte Ouest et honore l’engagement à faire construire des navires au Canada par des Canadiens.

Faits en bref : le raid sur Dieppe

  • Un deuxième bataillon d’infanterie basé à Montréal, le Black Watch (Royal Highland Regiment) du Canada, engage pour sa part 111 soldats d’une seule compagnie dans le raid de Dieppe. Dans ses efforts pour soutenir le Royal Regiment of Canada sur la « plage Bleue » (Puys), à l’est de Dieppe, ce régiment perd 73 soldats, dont 4 tués, 6 blessés et 63 capturés.
  • Les Fusiliers Mont-Royal engagent 584 soldats dans l’opération. De ce nombre, 513 seront perdus lors du tragique renforcement de l’Essex Scottish sur la « plage Rouge » – 119 tués, 50 blessés et 344 capturés (également blessés en bon nombre).
  • Les pertes totales de l’Armée canadienne s’élèvent à 3 367, dont 907 morts (y compris ceux qui sont décédés des suites de leurs blessures et ceux qui se sont éteints alors qu’ils étaient prisonniers de guerre) et 1 946 capturés.
  • En neuf heures de combat, les Forces canadiennes déplorent plus de 800 morts, les deux tiers de ses hommes étant tués, blessés ou capturés.
  • Bien que les Canadiens constituent la majeure partie de la force de raid, les Britanniques, les Américains, les Polonais, les Belges, les Norvégiens, les Tchèques, les Néo-Zélandais et les Français libres y prennent part aussi. La plupart de ces contributions sont apportées en mer ou dans le ciel.
  • Cinquante Rangers de l’Armée américaine participent au raid de Dieppe. C’est la première fois que des forces terrestres américaines font face à des troupes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale. Les Forces aériennes de l’Armée américaine fournissent également environ 150 avions et équipages.
  • Les Alliés engagent quelque 1 190 avions dans l’opération et affrontent 313 avions allemands. Le raid sur Dieppe devient ainsi l’une des plus grandes batailles aériennes d’une seule journée au cours de la guerre.
  • La Marine royale, de son côté, rassemble une force de 253 navires de guerre et de débarquement pour soutenir l’opération.
  • La 2e Division d’infanterie canadienne et le 14e régiment canadien de chars d’armée qui lui est rattaché (le Calgary Regiment) fournissent 4 963 des 6 090 soldats participant au raid.
  • Lord Louis Mountbatten, chef des opérations combinées, relance le raid avec le soutien de l’Aviation royale du Canada et de l’Armée canadienne.
  • L’opération Rutter est annulée au début de juillet 1942 en raison du mauvais temps et d’une attaque aérienne allemande sur le convoi devant mener le raid.
  • Initialement prévu sous le nom d’opération Rutter, le raid sur Dieppe s’est plutôt déroulé sous celui d’opération Jubilee.
  • Le raid sur Dieppe est survenu le mercredi 19 août 1942.
  • Le nombre de victimes du raid sur Dieppe a dépassé celui du premier jour de la bataille de la Somme, généralement considéré comme le plus sanglant de l’histoire militaire britannique.
  • Les raisons invoquées pour justifier le raid sur Dieppe varient, entre la tenue d’une répétition générale du jour J et une tentative d’apaisement de l’Union soviétique, en passant par la mise en place d’un « second front » par les États-Unis en 1942.
  • De nouvelles preuves suggèrent que ce raid avait un objectif secret : capturer une machine Enigma allemande et des livres de codes pour aider les cryptanalystes britanniques à briser les codes allemands.
  • Le raid sur Dieppe n’a pas permis de recueillir ces renseignements, mais les Britanniques ont brisé les codes allemands en novembre 1942 après s’en être emparés sur un sous-marin allemand.
  • L’objectif global du raid sur Dieppe, y compris l’importance accordée au fait de « pincer » une machine Enigma et des livres de codes à Dieppe, continue de faire l’objet de débats parmi les historiens.
 

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