Dernière heure : Oceana Canada sonne l’alarme avec son septième Audit des pêches, soulignant les difficultés du gouvernement à rétablir les pêches sauvages


Une mauvaise gestion généralisée et la surpêche du capelan et du hareng, autorisée par le gouvernement, menacent la durabilité économique et environnementale.

VANCOUVER, territoire traditionnel non cédé des nations Musqueam, des Squamish et des Tsleil Waututh, 21 nov. 2023 (GLOBE NEWSWIRE) -- Face à l'accélération des changements climatiques, l'Audit des pêches 2023 d'Oceana Canada, publié aujourd'hui à l'occasion de la Journée mondiale des pêches, expose la mauvaise gestion persistante du Canada et son incapacité à rétablir les populations épuisées au détriment de la vie marine, des communautés côtières, de l'économie des produits de la mer et de notre planète.

L'Audit des pêches, qui en est à sa septième édition, évalue l'état actuel et la gestion des stocks de poissons du Canada, suit les progrès réalisés et formule des recommandations afin de respecter les engagements politiques fédéraux visant à rétablir l'abondance des poissons marins sauvages dans les océans canadiens.

« Encore une fois, moins du tiers des poissons et invertébrés marins du Canada peuvent être considérés comme en santé; et près de 40 % des pêches n'ont pas les informations nécessaires pour se voir attribuer un état de santé nécessaire à leur bonne gestion, » déclare Rebecca Schijns, Spécialiste des pêches, Oceana Canada. « Pire encore, il y a eu une diminution du nombre de pêches en santé; et la performance de Pêches et Océans Canada ne s’est pas améliorée par rapport aux indicateurs de science, de surveillance et de gestion depuis le tout premier audit d'Oceana Canada en 2017. »

Ce manque de progrès est d'autant plus alarmant que les océans ont atteint cette année les températures moyennes les plus élevées jamais enregistrées, un signe évident de l'accélération des changements climatiques. Malgré cette menace croissante, les documents scientifiques et de gestion de Pêches et Océans Canada (MPO) ne reconnaissent pas officiellement les effets des changements climatiques sur plus de trois quarts des stocks de poissons, ce qui retarde d'autant les efforts de rétablissement.

Le plus récent Audit des pêches révèle plusieurs points importants, notamment :

  • Le nombre de stocks en bonne santé a diminué et le nombre de stocks épuisés, soit en zone critique ou de prudence, a globalement augmenté depuis sept ans.
  • Des 28 stocks gravement menacés, seulement six disposent d'un plan pour ramener la population à un niveau sain; et aucun d'entre eux ne respecte la Loi sur les pêches modifiée.
  • Le MPO n'a publié aucun plan de rétablissement cette année, malgré l'obligation d'en publier 13 d'ici avril 2024; il n'a pas non plus prescrit 62 stocks de plus en vertu de la Loi sur les pêches. Par conséquent, la plupart des stocks épuisés ne font l'objet d'aucune mesure de rétablissement rigoureuse.
  • Le MPO n'a pas encore révisé l'ensemble des politiques relevant du Cadre pour une pêche durable afin d'inclure de manière pertinente les systèmes de connaissances autochtones dans la gestion de la pêche.

« Cette incapacité à résoudre la crise des pêches au Canada a des conséquences désastreuses pour nos océans, les communautés de pêche et la planète, » affirme Mme Schijns. « Le gouvernement doit agir sans tarder pour mettre en œuvre ses politiques visant à rétablir les stocks de poissons sauvages afin d'assurer notre sécurité alimentaire et économique à l'avenir, » ajoute Mme Schijns.

Certains développements positifs ont tout de même eu lieu. Plus de stocks disposent désormais de points de référence afin de déterminer leur état de santé, et plus d'estimations tiennent compte des sources de mortalité naturelle, ce qui facilitera la réalisation des objectifs de rétablissement à long terme. En revanche, plusieurs décisions prises cette année en matière de pêche ont ignoré les avis scientifiques et ont manqué de transparence. Par exemple, le MPO a retardé sans explication l'annonce des quotas de poissons-fourrage de l'Atlantique, dont dépendent les communautés côtières, et a reconduit les niveaux de quotas antérieurs pour le capelan en dépit de nouvelles données, des avis scientifiques et du vaste soutien du public en faveur d'une fermeture de la pêche. Pour illustrer l'impact sur les communautés de décisions flagrantes telles que la surpêche continue du capelan, veuillez visionner la vidéo d'Oceana Canada (en anglais) : Rebuilding Capelin: Everybody’s Fish, Everybody’s Responsibility.

« La mauvaise santé chronique des pêches canadiennes démontre que nous ne parvenons pas à les gérer de façon à assurer leur réussite. Nous obtenons ainsi un lamentable rendement, tant du point de vue écologique que social, » explique Dr Robert Rangeley, Directeur des sciences pour Oceana Canada. « Malgré la modernisation des règlements de rétablissement de la Loi sur les pêches, le Canada continue d'accumuler du retard. Le MPO n'a toujours pas mis en œuvre la Loi sur les pêches de façon à ce qu'il y ait plus de poissons dans l'eau. »

À la lumière de ces enjeux, Oceana Canada et les militants des océans demandent au premier ministre Trudeau et au ministre des Pêches et des Océans, Mme Lebouthillier, de combler les plus graves lacunes dans la gestion des pêches maritimes au Canada en priorisant les mesures suivantes :

  1. Inclure tous les stocks restants dans les zones critique et de prudence sous la Loi sur les pêches et prendre des décisions de gestion qui respectent les règlements de rétablissement.
  2. Gérer les pêches selon les meilleures données scientifiques disponibles et les systèmes de connaissances autochtones, en révisant l’ensemble des politiques relevant du Cadre pour une pêche durable afin d’intégrer de manière significative « l’approche à double perspective », notamment par le biais d’accords de collaboration.
  3. Tenir compte des effets des changements climatiques sur les écosystèmes marins en appliquant des approches adaptées au climat dans la gestion de la pêche et en priorisant le rétablissement des stocks de poissons-fourrage épuisés.
  4. Compter tous les poissons capturés dans une pêche, incluant la pêche récréative et d’appât, et prendre des décisions qui tiennent compte de toutes les sources de mortalité par pêche.

Pour lire l’Audit des pêches et pour signer la pétition d’Oceana Canada qui demande de toute urgence le rétablissement des poissons sauvages au Canada, visitez https://oceana.ca/fr/nos-campagnes/retablir-labondance-des-oceans/

Établie en 2015, Oceana Canada est une organisation caritative indépendante faisant partie de la plus grande organisation internationale vouée exclusivement à la conservation des océans. Les campagnes d’Oceana Canada ont notamment contribué à interdire les plastiques à usage unique, mettre fin au commerce des nageoires de requins, faire du rétablissement des populations de poissons épuisées une obligation légale, améliorer la façon dont les pêches sont gérées, et protéger les habitats marins. Nous travaillons avec la société civile, les universitaires, les pêcheurs, les populations autochtones et le gouvernement fédéral afin d’aider les océans canadiens à retrouver leur santé et leur abondance d’autrefois. En rétablissant les océans canadiens, nous fortifierons nos communautés, profiterons de plus grands avantages sur les plans économique et alimentaire, et protégerons notre avenir. Apprenez-en plus au www.oceana.ca.

Contacts médias : Vaishali Dassani, Oceana Canada, vdassani@oceana.ca, 647-294-3335;
et Lamia Charlebois, Consultante en relations publiques, rp@lamiacharlebois.com, 514-581-5831. Trousse média disponible ici.