N’attisons pas les flammes : préparer les collectivités et les ménages canadiens pour limiter le risque de feu de forêt


WATERLOO, Ontario, 18 déc. 2023 (GLOBE NEWSWIRE) -- En 2023, le Canada a connu une saison de feux de forêt d'une ampleur sans précédent, contribuant à des pertes assurables estimées à plus de 3 milliards de dollars (selon CatIQ), et dépassant de plus du double le record datant de 1995. C’est 18,5 millions d’hectares que l’on estime avoir été dévorés par les flammes, soit huit fois la superficie qui aura été brûlée en moyenne les 25 dernières années. Le feu et la fumée ont forcé l’évacuation de 200 000 personnes, et partout, on tire la sonnette d’alarme pour réclamer des investissements substantiels dans des mesures préventives visant à épargner les populations et leurs logis de ce fléau.

Dans son nouveau rapport, le Centre Intact d’adaptation au climat de l’Université de Waterloo présente des mesures pratiques, fondées sur des méthodes ayant fait leurs preuves, que les gens vivant dans les régions forestières ou les prairies peuvent appliquer afin réduire jusqu’à 75 % le risque que leur maison ne soit emportée par les flammes.

Ce rapport intègre aussi le propos de deux infographies, sous forme d’images et de textes simples, qui montrent les gestes concrets à poser sans plus attendre.

Trois étapes pour une protection rentable : maison Intelli-feuMC est un guide pratique des différentes étapes pour rénover sa maison dans une optique de résistance contre les feux de forêts et de broussailles. Les gestes à poser peuvent être aussi simples que d’empiler son bois à distance de la maison et de dégager les buissons et autres matériaux combustibles aux abords des fondations. Il peut aussi s’agir de travaux plus complexes, comme installer une couverture de classe A résistante au feu (p. ex. bardeaux en fibrociment, en tôle ou en asphalte) sur sa toiture pour la rendre plus ignifuge.

Préparer une collectivité aux feux de forêts, en trois volets, fournit des orientations pour limiter les risques au-delà de la sphère domestique, telles que retirer la végétation autour des lignes électriques, prévoir un espace coupe-feu entre les bâtiments, mener annuellement des simulations d’urgence et des exercices de formation conjoints, et en garantissant une alimentation en eau adéquate pour la lutte contre les incendies.

C’est environ soixante pour cent des collectivités au Canada qui, en raison de leur emplacement, sont vulnérables aux feux de forêts et de broussailles. Et ce risque ne fait que croître à cause de l’étalement urbain et le développement industriel, l’absence de normes du bâtiment pour la protection contre les feux qui soient respectées à l’échelle nationale, ou encore l’accumulation de végétaux inflammables à proximité des structures – et de matières combustibles en général dans le périmètre des agglomérations humaines, conséquence d’un siècle d’efforts de suppression des incendies. Le tout exacerbé bien sûr par les changements climatiques.

« Les changements climatiques rallongent la saison des feux », explique Cheryl Evans, coauteure du rapport et directrice, Résilience face aux inondations et aux feux des forêts au Centre Intact. Résultat : les brasiers se font toujours plus vastes et plus destructeurs, et l’on voit s’embraser des coins du pays que l’on n’aurait pas cru particulièrement vulnérables, comme ce fut le cas avec le feu incontrôlé aux environs de Halifax qui a calciné plus de 200 bâtiments en 2023. »

Le rapport présente une synthèse conviviale des pratiques exemplaires principalement conçues par le Conseil national de recherches ainsi que par Intelli-feuMC Canada, un programme national qui aide depuis 30 ans les collectivités à améliorer leur résilience aux feux de forêts.

« Les feux font partie de la vie au Canada », énonce Mike Flannigan, titulaire de la Chaire de la C.-B., Faculté des sciences, Université Thompson. « Le rapport vient prendre la recherche menée sur les feux des forêts et les changements climatiques et la traduit en mesures concrètes que le grand public, tout comme les gens en position d’autorité, peuvent mettre en pratique pour apprendre à composer avec cette réalité. »

Apprendre à composer avec les feux de forêts, ça peut prendre différentes formes selon où l’on se trouve. Comme le dit bien Simon Massé, coordonnateur à l’atténuation des risques pour la SOPFEU, « il n’y a pas de solution qui soit applicable universellement pour les populations de partout. Ce que fait le rapport, c’est leur faire découvrir les différents outils qui existent. »

Le directeur général du Centre de foresterie du Nord à Ressources naturelles Canada, Michael Norton, fait quant à lui remarquer que le rapport « fournit des conseils concis et conviviaux qui favorisent la sensibilisation, l’adhésion et la participation concrète de l’ensemble de la société au renforcement de la résilience des ménages et des collectivités contre les feux des forêts. »

C’est un document qui aidera le Canada à atteindre une importante cible qu’il vise dans sa toute nouvelle Stratégie nationale d’adaptation : « Les collectivités, y compris les collectivités nordiques et autochtones, situées dans des zones à haut risque, telles qu’identifiées par les provinces et les territoires, élaborent des plans communautaires de prévention et d’atténuation des incendies de forêt d’ici à 2030, dont 15 % seront mis en œuvre d’ici à 2028. »

On ne saurait trop insister sur les avantages de la préparation face au risque toujours plus grand des feux de forêts, tranche Jason Brolund, le chef des pompiers de West Kelowna. Il a combattu les brasiers sur le terrain pendant la saison 2023. « Vous pouvez être certains que je vais transmettre ce rapport aux gens de ma ville pour leur faire découvrir les différents gestes que nous pouvons poser concrètement, dès aujourd’hui, pour mieux nous protéger des prochains feux. »

Comme souligné lors des discussions de la COP 28, les populations qui vivent dans les prairies et les régions boisées n’ont pas à subir passivement le risque : elles peuvent braver la menace en préparant leurs maisons et leurs villes, et ainsi réduire le plus possible les ravages économiques et sociaux des saisons toujours plus sèches et chaudes que nous réserve l’avenir.

Coordonnées

Ryon Jones
Gestionnaire des relations avec les médias
Université de Waterloo
226-339-0894 | @uwaterloonewsuwaterloo.ca/news

Cheryl Evans
Directrice, Résilience face aux inondations et aux feux des forêts, Centre Intact d’adaptation au climat
Université de Waterloo
226 338-4815 | c8evans@uwaterloo.ca

Dr. Anabela Bonada
Gestionnaire et attaché de recherche, Centre Intact d’adaptation au climat
Université de Waterloo
519-574-3631 | abonada@uwaterloo.ca

Dr. Blair Feltmate
Président, Centre Intact d’adaptation au climat
Université de Waterloo
226-339-3506 | bfeltmate@uwaterloo.ca

Mélie Monnerat
Gestionnaire de Projet, Centre Intact d’adaptation au climat
Université de Waterloo
438-994-5720| mmonnerat@uwaterloo.ca