Une nouvelle étude de la FCF dénonce l’échec du gouvernement de l’Ontario à renverser le dangereux déclin de la population indigène d’anguilles d’Amérique


OTTAWA, 02 mars 2022 (GLOBE NEWSWIRE) -- Une nouvelle étude effectuée par la Fédération canadienne de la faune (FCF), basée sur des documents obtenus par l’entremise de demandes d’accès à l’information, révèle que le gouvernement de l’Ontario et les producteurs d'hydroélectricité de la province n’ont pas satisfait les exigences légales visant à conserver l’anguille d’Amérique.

« Même si ça fait des décennies qu’on constate les déclins à l’échelle provinciale, nationale et internationale, on a fait très peu de progrès au Canada pour protéger cette espèce et réduire les menaces qui l’accablent », explique Nicolas Lapointe, biologiste responsable de la conservation des écosystèmes d’eau douce à la FCF.

La FCF a dirigé la rédaction d’un article révisé par les pairs et récemment publié au sujet de la protection de l’anguille d’Amérique en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario. Le règlement d'application de la Loi exige en premier lieu que les installations hydroélectriques qui nuisent à l’anguille d’Amérique s’inscrivent auprès du gouvernement; ceci leur permet ensuite d’autogérer leurs mesures d’atténuation et la rédaction de leurs comptes-rendus au gouvernement. Grâce à l’accès à l’information ou des ententes de partage de données avec certains producteurs d’hydroélectricité, la FCF et l’Université Carleton ont obtenu de l’information sur l’immatriculation de certaines installations, leurs plans d’atténuation et leurs rapports de surveillance. Les documents furent analysés et comparé aux données sur la répartition de l’anguille d’Amérique et aux pratiques de gestion optimale servant à surveiller les populations et atténuer les menaces.

Cette analyse a révélé que :

  • Moins de la moitié des installations qui tuent les anguilles ou qui leur nuisent étaient inscrites comme l’exige la Loi, et seulement la moitié de celles-ci avaient des plans d’atténuation qui comprenaient des actions pour réduire les dommages;
  • Les méthodes de surveillance étaient de piètre qualité et l’information qui en découlait était peu utile pour appuyer les efforts de conservation de l’anguille;
  • Seulement deux anguilles ont été épargnées par les mesures d’atténuation mises en place depuis que le système de gestion par l’industrie a été instauré en 2013.

« Les populations d’anguilles d’Amérique subissent un déclin majeur, dont une diminution de plus de 99 % en Ontario », ajoute M. Lapointe. « Si on ne fait pas plus d’efforts ciblés pour stopper ce déclin, l’espèce pourrait bientôt disparaître de la province.

Pour remédier à ces insuffisances, le gouvernement de l’Ontario doit commencer à faire appliquer intégralement la Loi sur les espèces en voie de disparition, concevoir des pratiques de gestion optimale et fixer des objectifs pour les installations hydroélectriques afin que les anguilles puissent atteindre leurs habitats. L’Ontario doit réduire le nombre d’anguilles tuées par les turbines. Il faut également s’assurer de l’efficacité de ces mesures.

La FCF encourage les Ontariens et Ontariennes qui s’inquiètent de la santé des poissons dans la province à communiquer directement avec leur(e) député(e) provincial(e) pour lui dire que les efforts de conservation de l’anguille d’Amérique sont déplorables. La FCF croit que l’anguille peut se rétablir si le public, les gouvernements et les industries s’unissent pour agir.

Plus de plus amples renseignements, vous pouvez lire l’article au complet en anglais sur FACETS.

À propos de la Fédération canadienne de la faune
La Fédération canadienne de la faune est un organisme national à but non lucratif qui se consacre à promouvoir la prise de conscience et l’appréciation de notre monde naturel. Par la diffusion de connaissances sur l’incidence des activités humaines sur l’environnement, la subvention de recherches, la création et l’offre de programmes didactiques, la promotion de l’exploitation durable des ressources naturelles, la recommandation de changements de politiques et la coopération avec des partenaires aux vues similaires, la FCF vise à créer un avenir où les Canadiens et Canadiennes vivront en harmonie avec la nature. Pour plus d'information, consultez le site Federationcanadiennedelafaune.ca.

Personne-ressource :
Nicolas Lapointe
Biologiste responsable de la conservation des écosystèmes d’eau douce à la FCF
nlapointe@cwf-fcf.org
613 599-9594, poste 219

Contexte :
L’anguille d’Amérique est un poisson fascinant qui vient au monde dans une zone l’océan Atlantique que l’on nomme la mer des Sargasses. L’anguille effectue ensuite une migration de milliers de kilomètres vers des rivières d’eau douce, du Groenland au Venezuela, pour y grandir avant de retourner à la mer des Sargasses pour frayer.

L’anguille d’Amérique était répandue dans les lacs et rivières de la côte Est du Canada, du Québec et de l’Ontario. Elle est importante pour plusieurs groupes autochtones : médecine, instruments, nourriture, cérémonies. Jusqu’en 2004, la pêche commerciale à l’anguille était considérable en Ontario. Même si cette pêche a beaucoup diminué depuis, elle existe toujours au Québec et dans les provinces atlantiques.

Aujourd’hui, le cycle de vie complexe de l’anguille d’Amérique est menacé par la surpêche, la perte de l’accès aux habitats, la mortalité causées par les turbines des centrales hydroélectriques, et d’autres facteurs.

L’anguille d’Amérique est désignée comme espèce en voie de disparition selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ainsi que d’après la Loi sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario. Elle fut classée « menacée » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en 2012 mais elle n'a pas encore été inscrite sur la Liste des espèces en péril en vertu de la loi fédérale. La FCF a effectué des recherches sur l’anguille en utilisant des appareils de mesure acoustique et radiométrique. Nous avons étudié les conséquences sur l’anguille de la pêche avec remise à l’eau et créé des meilleures pratiques pour manipuler et libérer les anguilles qui se sont fait prendre par un hameçon.

Le saviez-vous?

  • Les anguilles de l’Ontario sont toutes des femelles et comptent parmi les plus grandes au monde.
  • Une seule anguille femelle peut produire jusqu’à 20 millions d’œufs.
  • On estime que la population d’anguilles en Ontario produit 25 % des œufs de la population mondiale.
  • Le quart des anguilles adultes qui quittent le lac Ontario pour migrer vers leurs frayères dans la mer des Sargasses sont tuées par le barrage Saunders à Cornwall. De celles qui restent, 17 % périssent au barrage de Beauharnois, 80 km en aval, avant d’atteindre enfin à une voie sans obstacles vers l’océan.
  • La stratégie de rétablissement ontarienne de l’anguille d’Amérique, publiée en 2013, contenait comme objectif de rétablir 10 % de l’accès à l’habitat chaque cinq ans. Maintenant, presque 10 ans plus tard, une seule échelle à anguilles a été installée : Portage Power en a posé une au barrage Chaudière, en plus de construire une voie de contournement pour réduire les mortalités causées par les turbines. Il faut agir de façon semblable ailleurs.

Voici quelques suggestions pour les compagnies hydroélectriques :

  • Installez des échelles à anguilles pour permettre aux anguilles juvéniles de monter la rivière.
  • Laissez passer l’eau par-dessus le déversoir pendant la nuit pour permettre aux anguilles adultes de traverser sans avoir à passer par les turbines.
  • Aussi pour les anguilles adultes : posez un grillage devant les turbines et construisez une voie de contournement.
  • Aussi pour les anguilles adultes : capturez-les en amont et transportez-les en aval des turbines.

En savoir plus : https://cwf-fcf.org/fr/anguilles

Un document accompagnant ce communiqué est disponible au http://ml.globenewswire.com/Resource/Download/d4ff8a1b-9e86-42f2-aef5-0310736fb050



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