Une nouvelle étude fait mieux connaître les abeilles et guêpes sauvages vivant dans les habitats dunaires menacés des prairies canadiennes


OTTAWA, 19 juin 2023 (GLOBE NEWSWIRE) -- Les dunes actives, éparses dans les prairies du Sud canadien, sont en déclin. Envahies peu à peu par la végétation, elles se transforment en prairies.

Une récente étude sur les abeilles et les guêpes des zones menacées éclaire la biodiversité en constante évolution des collines sableuses des prairies canadiennes, de plus en plus « stabilisées » par les plantes qui prennent racine dans le sable. Ces travaux ont été publiés dans la revue Insect Conservation and Diversity.

Thomas Onuferko, Ph. D., entomologiste et chercheur associé au Musée canadien de la nature, note une modification des types d’espèces et de leur abondance relative, bien que le nombre total d’espèces reste stable à travers les dunes à différents stades de stabilisation végétale.

« Certaines espèces, absentes des dunes actives, apparaissent sur les dunes stabilisées, précise-t-il. Inversement, des espèces présentes sur les dunes actives disparaissent des dunes stabilisées. » La présence de certaines guêpes, notamment celles habituées à la vie sur les dunes sablonneuses ouvertes, s’amoindrit à mesure que les plantes colonisent ces mêmes dunes.

Ces conclusions reposent sur l’analyse de plus de 12 300 spécimens d’abeilles sauvages et de guêpes, capturés par M. Onuferko sur une période de quatre mois au printemps et à l’été 2019. Au cours de ses travaux postdoctoraux au Centre de découverte d’espèces Beaty, M. Onuferko a visité 13 sites de dunes à travers le sud-est de l’Alberta, le sud de la Saskatchewan et le sud-ouest du Manitoba.

Les sites examinés incluaient la réserve écologique de Great Sandhills et le parc provincial de Douglas en Saskatchewan, ainsi que le parc provincial de Spruce Woods au Manitoba, important sanctuaire d’espèces rares. Sur les 13 sites étudiés, 8 étaient des dunes actives avec de grandes zones de sable découvert, 3 étaient stabilisés sans zones de sable visible, et 2 en phase intermédiaire de stabilisation avec des poches de sable apparent parmi des zones largement végétalisées.

La collecte des insectes a été effectuée selon des méthodes assez rudimentaires. La plupart des spécimens ont été capturés dans des bols en plastique colorés, remplis d’eau savonneuse et disposés chaque jour à des intervalles précis. Un nombre plus restreint a été récolté à l’aide d’épuisettes.

Pour aider à l’identification des guêpes et des abeilles, M. Onuferko a fait appel à l’expertise de Matthias Buck, spécialiste des guêpes aculéates au Royal Alberta Museum, et du professeur Jason Gibbs, entomologiste et expert en abeilles à l’Université du Manitoba.

En comparant les assemblages d’espèces et leur abondance à travers l’ensemble des habitats dunaires en transformation, l’équipe a identifié 374 espèces d’abeilles et de guêpes. Sur ce nombre, 150 représentent des taxons jamais enregistrés dans au moins l’une des provinces où les spécimens ont été prélevés. On compte 16 nouvelles entrées pour le Canada et plusieurs espèces d’abeilles et de guêpes potentiellement non décrites.

Parmi ces espèces non répertoriées, on trouve une nouvelle abeille de sueur spécialisée dans les dunes ouvertes, Lasioglossum onuferkoi. Elle a été baptisée en l’honneur de M. Onuferko par M. Gibbs et son doctorant Joel Gardner dans une révision taxonomique publiée en 2022. De façon assez surprenante, M. Onuferko a collecté 360 spécimens de cette espèce, ce qu’il attribue au fait qu’il s’est concentré sur les sites de sable isolés d’une région canadienne plutôt exiguë.

L’étude offre aussi une leçon plus générale sur la nécessité de poursuivre les recherches sur la biodiversité des habitats menacés. « Bien que les résultats ne soient pas vraiment inattendus, cette étude montre qu’il reste encore beaucoup à faire dans cette région. Maintenant que nous en savons plus sur la diversité des abeilles et des guêpes dans ces habitats, il serait judicieux de s’intéresser à d’autres groupes d’insectes peu étudiés. Cette étude constitue une base de référence pour toute recherche future, » conclut M. Onuferko.

Les habitats des dunes

  • Les dunes actives des Prairies canadiennes sont le foyer de diverses espèces de plantes et d’animaux spécialisés pour vivre sur le sable. Ces organismes sont appelés psammophiles, ce qui signifie « aimant le sable ».
  • Les dunes de cette région se sont formées pendant les périodes glaciaires du Pléistocène, lorsque les calottes glaciaires ont broyé le substrat rocheux en limon, sable et gravier.
  • Les dunes restantes sont des îlots de biodiversité, accueillant une variété d’espèces de plantes, d’animaux (comme les rats-kangourous), d’insectes et d’araignées qui sont évaluées comme étant rares, menacées ou en voie de disparition au Canada.
  • Avant cette étude, on en savait peu sur les arthropodes qui dépendent des dunes dans cette région, à part quelques petits groupes comme les coléoptères de la famille des Cicindelidés et certains papillons de nuit.
  • Les graminées et la Psoralée lancéolée (Ladeania lanceolata) étaient les plantes dominantes sur les dunes. Ces plantes font partie des 18 espèces répertoriées dans les sites d’échantillonnage par le botaniste du Musée canadien de la nature et co-auteur de l’étude, M. Paul Sokoloff.
  • Certaines abeilles et guêpes dépendent des dunes pour leur nidification. Elles creusent des terriers profonds dans le sable ou utilisent les dunes pour attirer des partenaires. Les guêpes prédatrices utilisent également les dunes comme terrain de chasse.
  • D’autres espèces d’abeilles sont uniquement présentes sur les dunes, car les plantes dont elles recueillent le pollen poussent seulement sur les dunes ou à leur périphérie.

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