Déclaration de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants sur la protection des données des élèves : Les élèves et l’éducation publique avant les profits


OTTAWA, Ontario, 10 juill. 2023 (GLOBE NEWSWIRE) -- La pandémie de COVID-19 a perturbé l’éducation en présentiel dans tous les pays du monde comme jamais auparavant et le Canada n’a pas fait exception. Du jour au lendemain, les enseignantes et enseignants du pays se sont retrouvés à donner leurs cours par l’entremise d’écrans et d’applications plutôt qu’en salle de classe. Si le passage à l’apprentissage en ligne a donné lieu à toutes sortes de problèmes auxquels il a fallu répondre rapidement — par exemple s’assurer que le personnel enseignant et les élèves disposaient des appareils nécessaires et avaient accès à un service Internet haute vitesse — le tort que ce changement soudain a causé persiste.

Pour les élèves du secondaire, de l’élémentaire et même de la maternelle, l’apprentissage à distance en mode urgence a fini par s’installer dans la routine quotidienne. Cela dit, la pandémie a peu à peu perdu en intensité et les élèves ont repris le chemin de l’école, mais les répercussions des solutions irréfléchies mises en place en 2020, elles, n’ont pas encore fini de se faire sentir. Ces solutions numériques, qui ont rendu l’enseignement et l’apprentissage en ligne possibles au moment où les écoles étaient inaccessibles, ont donné lieu à d’abondantes traces numériques laissées par les élèves. Aussi faciles à trouver que les miettes de pain semées par le Petit Poucet, ces traces ont été englouties par des entreprises de services éducatifs déterminées à faire du profit sur le dos des élèves. Ces entreprises privées ont ainsi mis la main sur une mine de renseignements, allant des données d’évaluation des élèves aux données personnelles, qui leur ont permis de s’enrichir aux dépens des enfants et de l’éducation publique financée par l’État.

C’est bien connu, l’ingérence des entreprises technologiques dans les salles de classe ne date pas d’hier, mais la pandémie a accéléré la collecte des données des élèves. Il faut aussi dire que les gouvernements n’ont pas hésité à inviter les géants du numérique dans les salles de classe et que les avancées technologiques qui ont permis aux élèves et au personnel enseignant de garder plus ou moins contact pendant que les écoles étaient fermées sont apparues au détriment de la vie privée et des principes mêmes de l’éducation publique financée par l’État.

Lorsque les écoles sont passées à l’apprentissage à distance en mode urgence, les entreprises technologiques ont profité de l’occasion pour analyser les flux de données produites par les élèves, comme elles le faisaient déjà avec le reste de l’Internet, c’est-à-dire à des fins commerciales. Les élèves sont soudainement devenus vulnérables comme jamais elles et ils ne l’avaient été auparavant.

Si la simple existence des données n’est pas en soi préoccupante, la façon dont elles sont traitées et vendues l’est. Les données d’évaluation des élèves ne doivent se retrouver qu’entre les mains d’enseignantes et enseignants qualifiés et de responsables d’établissements publics qui s’en servent pour évaluer les besoins d’apprentissage des élèves et attribuer les ressources en conséquence. Quand les données des élèves servent à mettre sur le marché des services de tutorat privés, à vendre des applications d’apprentissage ou à mesurer la rentabilité d’un quartier pour les besoins du secteur de l’immobilier, c’est que la privatisation et la monétisation font leur travail, menaçant du coup l’équité et le fondement même d’une éducation publique de qualité.

Face à la monétisation croissante et incontrôlée des données des élèves, la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (CTF/FCE) condamne fermement toute forme d’utilisation des données d’évaluation des élèves à des fins commerciales. Elle presse les gouvernements provinciaux et territoriaux de prendre des mesures pour protéger la vie privée et prévenir cette utilisation à mauvais escient des données des élèves. Elle demande aussi au gouvernement fédéral d’adopter le projet de loi C-27, qui vise à protéger la vie privée des consommateurs et les données de l’ensemble des Canadiennes et Canadiens. 

Autant la CTF/FCE appuie pleinement le fait que des enseignantes et enseignants qualifiés se servent d’une technologie appropriée pour favoriser l’apprentissage des élèves du Canada, autant elle désapprouve que la technologie devienne une passerelle pour profiter des élèves et de nos systèmes d’éducation publique financés par l’État. Il nous faut agir dès maintenant pour expulser les entreprises de services éducatifs de nos écoles et permettre aux salles de classe de redevenir des lieux sûrs où il fait bon enseigner et apprendre. Bref, il faut faire passer les élèves et l’éducation publique avant les profits.

À propos de la CTF/FCE
Fondée en 1920, la CTF/FCE est une alliance nationale d’organisations provinciales et territoriales de l’enseignement qui représentent plus de 365 000 membres du corps enseignant et autres travailleurs et travailleuses du secteur de l’éducation au Canada. Elle est également affiliée à l’Internationale de l’Éducation, qui représente plus de 32 millions d’éducateurs et éducatrices.

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