Une innovation canadienne pour tuer les œufs de moustiques pourrait aider à combattre le virus Zika

Des chercheurs appuyés par le gouvernement canadien au Canada et au Mexique utilisent le propre parfum des moustiques pour les attirer et détruire les œufs dans un piège écologique à coût modique; Des scientifiques basés à Sudbury mènent un projet au Guatemala où de vieux pneus sont réutilisés, favorisant la collaboration communautaire et mettant à profit l'expertise locale dans la lutte contre les moustiques


TORONTO, ON--(Marketwired - 7 avril 2016) -  Grâce au financement du gouvernement du Canada, une équipe d'innovateurs du Canada et du Mexique a testé avec succès une façon écologique et peu coûteuse de détruire les œufs des moustiques qui sont responsables de la propagation de la dengue et, probablement, du virus Zika.

L'étude d'une durée de 10 mois, menée dans une région urbaine éloignée du Guatemala, révèle le développement et la mise en place réussis d'un système simple et peu coûteux pour freiner la propagation des moustiques du genre Aedes, porteurs de virus, en capturant et en détruisant leurs œufs. Les résultats paraissent aujourd'hui sur le canal F1000Research Zika & Arbovirus Outbreaks : bit.ly/1P3chwX.1

1 (Cet article est publié en instance d'examen par les pairs, conformément à l'approche de l'accès libre aux données proposée par l'Organisation mondiale de la Santé pour le partage des données en situation d'urgence sanitaire: bit.ly/1QIEUx7)

Le système comprend un piège innovant de conception canadienne appelé " ovillanta ", créé à partir de deux sections de 50 cm d'un vieux pneu de voiture, façonné en forme de bouche, et une soupape d'écoulement au fond.

A l'intérieur de la cavité inférieure du pneu, une solution non toxique à base de lait élaborée à l'Université Laurentienne de Sudbury attire les moustiques. La femelle pond ses œufs sur une languette de bois ou de papier insérée à l'intérieur et flottant sur le liquide. La languette est retirée deux fois par semaine et analysée aux fins de suivi, puis les œufs sont détruits par le feu ou avec de l'éthanol.

La solution, qui contient maintenant la phéromone du moustique (le parfum chimique de l'insecte femelle qui aide les autres à identifier un site de reproduction sécuritaire), est ensuite retirée, filtrée et recyclée dans la pièce de pneu. La phéromone se concentre avec le temps, rendant l'ovillanta encore plus attrayante pour les moustiques.

Grâce à une subvention de Grands Défis Canada, financée par le gouvernement du Canada, les chercheurs, sous la direction de Gerardo Ulibarri de l'Université Laurentienne et ses collaborateurs Angel Betanzos et Mireya Betanzos de l'Institut national de la santé publique du Mexique, ont mené le projet en collaboration avec le ministère de la Santé du Guatemala.

L'ovillanta en caoutchouc s'est révélé significativement plus efficace pour attirer les moustiques Aedes que les pièges traditionnels faits à partir de seaux de 1 litre.

Au cours de l'étude qui a duré 10 mois, l'équipe a recueilli et détruit plus de 18 100 œufs de moustiques Aedes par mois avec 84 ovillantas disposés dans sept quartiers de la ville de Sayaxche (population de 15 000 habitants), soit près de sept fois les 2 700 œufs recueillis mensuellement avec les 84 pièges traditionnels placés dans les mêmes secteurs d'étude.

Une observation intéressante, quoiqu'anecdotique, est qu'il n'y a pas eu de nouveaux cas de dengue dont l'origine déclarée est la zone d'étude de l'ovillanta, alors qu'on s'attendrait normalement à recenser deux à trois douzaines de cas dans cette collectivité au cours de la même période.

Selon le Dr Ulibarri, cibler les œufs de moustiques en utilisant l'ovillanta revient au tiers du coût des mesures visant à détruire les larves dans les étangs naturels et à seulement 20 % du coût de l'utilisation de pesticides pour détruire les insectes adultes, une approche qui est nuisible aux chauves-souris, aux libellules et aux autres prédateurs naturels de ces moustiques.

L'ovillanta a été modelé sur un piège à moustiques développé à l'Université Laurentienne en réponse à l'épidémie du virus du Nil occidental dans le nord de l'Ontario, qui utilise une solution modifiée pour attirer les moustiques du genre Culex, porteurs du virus du Nil occidental, que certains soupçonnent de transmettre aussi le virus Zika.

" Nous avons décidé d'utiliser des pneus recyclés - en partie parce que les pneus représentent déjà 29 % des sites de reproduction choisis par les moustiques Aedes aegypti, en partie parce que les pneus sont un produit universellement abordable dans les milieux à faibles ressources et en partie parce que cette nouvelle utilisation de vieux pneus offre une occasion de nettoyer l'environnement local ", a affirmé le Dr Ulibarri.

Un élément clé de ce système est le programme de formation en ligne destiné à renforcer l'expertise des agents de santé locaux dans la lutte contre les moustiques, doublée d'une stratégie de mobilisation communautaire qui fait participer les ménages à l'entretien régulier de leur ovillanta.

Les membres de la collectivité recueillent les bandes de papier ou de bois chargés d'œufs dans les ovillanta et les remettent aux travailleurs de la santé, qui sont chargés du suivi et de la destruction en utilisant le feu ou l'éthanol.

Les moustiques du type Aedes - qui sont les principaux vecteurs de transmission des virus du Zika, de la dengue, du chikungunya et de la fièvre jaune - se sont révélés extrêmement difficiles à combattre par d'autres stratégies, selon l'Organisation mondiale de la Santé.

La femelle, dont la durée de vie naturelle atteint trois mois, peut commencer à se reproduire après une semaine. La résistance aux pesticides, la diminution des ressources et l'augmentation des environnements propices aux moustiques domestiques ont contrecarré les méthodes traditionnelles de contrôle de la propagation rapide de l'insecte.

" L'innovation est un facteur clé qui sous-tend l'approche du gouvernement du Canada en matière de développement international ", a déclaré la ministre canadienne du Développement international et de la Francophonie, l'honorable Marie-Claude Bibeau. " Des solutions innovantes offrant de meilleurs résultats sur le plan de la santé mondiale - comme dans la lutte contre le virus Zika - sont nécessaires ".

" Bien qu'elle en soit encore à ses débuts, cette innovation intégrée d'un piège à moustiques doublée d'une formation à l'intention des agents de santé locaux et de la mobilisation des collectivités dans le contrôle du vecteur est un exemple prometteur de la façon dont le leadership du Canada en matière d'innovation pour le développement peut répondre aux urgences de santé publique telles que le Zika ", a déclaré le Dr Peter A. Singer, chef de la direction de Grands Défis Canada.

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(1) Cet article est publié en instance d'examen par les pairs, conformément à l'approche de l'accès libre aux données proposée par l'Organisation mondiale de la Santé pour le partage des données en situation d'urgence sanitaire : bit.ly/1QIEUx7

Image disponible: http://www.marketwire.com/library/MwGo/2016/4/6/11G092283/Images/An_ovillanta_filled_with_an_attractant_solution_an-1c15fb2fe6a2b241a8b5cff625c88299.jpg
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An ovillanta filled with an attractant solution and a floating strip. Photo credit: Daniel Pinelo An ovillanta being made from old car tires in Guatemala. Photo credit: Daniel Pinelo An ovillanta hanging on a wall. Photo credit: Daniel Pinelo