MONTRÉAL, 22 mars 2023 (GLOBE NEWSWIRE) -- Depuis maintenant 30 ans, le magazine Québec Science poursuit la tradition : chaque année, un jury de chercheurs et de journalistes sélectionne les 10 découvertes québécoises les plus impressionnantes de la dernière année et le public est ensuite invité à voter pour sa préférée. Cette année, c’est une découverte ayant permis d’éradiquer des bactéries intestinales nocives à l’aide de « bonnes » bactéries armées de couteaux génétiques qui a obtenu la faveur des lecteurs.
Dans la guerre contre les infections intestinales, toutes les stratégies sont bonnes, et celle mise au point par l’équipe du professeur Rodrigue a tout pour réussir. Elle consiste à pirater les armes des bactéries pour les retourner contre elles. Les biologistes ont tiré profit d’une des grandes forces du monde microbien : l’échange de gènes. En effet, les bactéries s’échangent constamment de petits bouts d’ADN, appelés plasmides. « Ce mécanisme permet par exemple aux gènes de résistance aux antibiotiques de se répandre entre bactéries de tous genres, précise Sébastien Rodrigue. On l’a détourné pour répandre un gène qui nuit spécifiquement aux bactéries pathogènes. »
Pour ce faire, l’équipe a donc déployé de « bonnes » bactéries d’un plasmide-couteau génétique (le fameux CRISPR). Ce dernier pénètre dans les « mauvaises » bactéries et les tue en cisaillant leur ADN. Le groupe a testé son « armée » génétiquement modifiée chez des souris infectées par des bactéries Citrobacter. « On a programmé l’outil CRISPR pour qu’il reconnaisse un gène présent chez ces bactéries cibles et le coupe », explique Sébastien Rodrigue. Quatre jours après cette dose unique de probiotiques, plus de 99,9 % des Citrobacter étaient éliminées.
L’avantage majeur de ce « traitement », c’est qu’il est modulable, car CRISPR peut cibler n’importe quel gène, et donc éliminer des sous-groupes précis de bactéries. De quoi éditer à loisir le microbiome intestinal. « Ce qui nous intéresse maintenant, c’est d’utiliser ce système pour viser des souches pathogènes impliquées dans l’inflammation chronique, comme dans la maladie de Crohn », souligne Sébastien Rodrigue. Pour passer à l’étape clinique, le chercheur a breveté le concept et a cofondé une entreprise avec son collègue Kevin Neil, premier auteur de l’article paru dans Molecular Systems Biology.
L’équipe peut être particulièrement fière puisqu’elle a remporté le concours avec une large avance. Cette 30e édition est d’ailleurs marquée par un record de participation du public. « Cela fait des années que nos lecteurs et lectrices se familiarisent avec le fonctionnement de CRISPR, indique la rédactrice en chef de Québec Science, Mélissa Guillemette. Ils ont assurément été conquis par l’utilisation concrète de cet outil qui pourrait changer la donne non seulement pour le traitement des infections, mais aussi pour la modification de la flore intestinale. Il est aujourd’hui clair que les bactéries intestinales jouent un rôle dans une grande variété de maladies : un rôle protecteur ou pathogène. »
« La vulgarisation scientifique devient de plus en plus importante pour notre société et, ce qui en découle, c’est d’être capable d’identifier des sources sûres d’information. C’est une des raisons pour lesquelles mon équipe et moi sommes très honorés d’avoir été sélectionnés par les lecteurs de Québec Science », affirme le professeur Sébastien Rodrigue.
Ont aussi participé à cette découverte : Nancy Allard, Patricia Roy, Frédéric Grenier, Alfredo Menendez, Vincent Burrus et Kevin Neil.
À propos de Québec Science
Publié par Vélo Québec Éditions, le magazine paraît huit fois par année. Il est vendu en kiosque au coût de 7,95 $ et par abonnement. En 2022, le magazine soulignait son 60e anniversaire. Québec Science reçoit un soutien financier du ministère de l’Économie et de l’Innovation, ainsi que de Patrimoine canadien. www.quebecscience.qc.ca
À propos de l’Université de Sherbrooke
L’Université de Sherbrooke est au cœur d’un des trois pôles de recherche majeurs du Québec. Reconnue pour son sens de l’innovation, l’UdeS est un partenaire de premier plan des gouvernements supérieurs et régionaux pour favoriser le développement social, culturel et économique. Elle se démarque en outre par la forte croissance de ses activités de recherche au cours des dernières années, ses succès en transfert technologique ainsi que ses initiatives en matière d’entrepreneuriat et d’innovation ouverte en collaboration avec les milieux industriels et sociaux.
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